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Eric Gabriel

LA CHAIR DU PLAISIR
Je m’approchai d’elle, et elle ne recula pas. Ses rondeurs m’attirèrent d’abord, puis son parfum fort, envoûtant, charnel, mais aussison teint mat. Perdus tous deux, nous étions forcément faits pour nous rencontrer. Alors j’approchai ma main de sa peau. Elle ne fit aucun mouvement de recul. Lentement mes doigts glissèrentsur son grain légèrement rugueux. Aurait-elle la chair de poule ? Suis-je moi-même suffisamment sensuel pour lui prodiguer cet effet ?En tout cas elle ne rejeta pas mes caresses. Bien au contraire elle se roula dans mes mains comme soumise à toutes mes attentions, à tous mes gestes. Audacieux, j’entamai sur elle un doux et voluptueux déshabillage. Coquine, elle se laissa effeuiller et bientôt dépouillée de ses atours,elle s’offrit nue à mon impatient regard.Ses rondeurs à présent dépourvues d’apprêts inutiles, elle me fitcadeau de sa généreuse croupe, qu’en différents points je ne sus aborder. Mais alors que mes paumes se promenaient sur sa chaude et pulpeuse surface, accentuant la colère de mes sens,j’entrevis, caché sous un duvet intime, un accès secret. Mon index curieux s’en approcha et caressa ce bouton situé à une extrémité de son corps. Celui-ci embaumait un parfum d’orient qui m’enivrait furtivement. Je voulus y coller ma langue, mais je me l’interdis, souhaitant en augmenter le plaisir ultérieurement. Alors mon pouce et mon index fouillèrent encore cet endroit et d’un coup sec, ils écartelèrent les quartiers juteux de cette orange sanguine.


BÉBÉS À VENDRE
« - S’il vous plaît, Le rayon des jumeaux ? » La jeune vendeuse indiqua l’escalator : « Deuxième étage ! » Le jeune couple ravi s’y dirigea. La jeune femme tenait son pass en main, reçu la veille du ” Ministère des naissances autorisées ”: Bon pour deux êtres humains de basse naissance – Sexe indifférent – Gémellité permise – « Allons voir quand même, des jumeaux, ça peut être sympa », fitelle à son compagnon. L’autre maugréa: « On avait dit une asiatique pour commencer ! Elles réussissent mieux à l’école ! Et puis, un d’Europe du centre… - Ecoute, faisons le tour du magasin, d’abord. Y’a certainement des offres. - Absolument madame, intervint un jeune vendeur. Actuellement pour un petit Cambodgien et une Bolivienne, vous avez la poussette gratuite ! Une affaire. - Euh, la Bolivienne, on pourrait la remplacer par une indo-européenne? - Désolé, je n’en ai pas en stock ; Mais j’ai une Africaine du Sud, reçue hier. - Tu vois, on trouvera bien chaussure à notre pied. - Euh, on fait encore un tour, merci. - Mesdames et messieurs et chers clients, lança un haut parleur, un arrivage exceptionnel de jumeaux est à votre disposition. Profitez-en au deuxième étage… - Tu vois bien, je te dis qu’ils sont faits pour nous ces jumeaux. Et puis il y a la garantie de trois mois. S’ils sont trop bruyants on les rapporte. Et hop ! - Et hop ? » Ils repartirent, lui avec le caddy et ses deux jumelles australiennes et elle avec un chariot plein de couches culotte, trois sacs pour le prix de deux. Une sacrée affaire… 


LA SEXUALITÉ DU TROMBONE
Insecte de nos bureaux, le trombone est un rescapé des bouleversements climatiques. Autrefois à poils drus pour se protéger des intempéries de toutes sortes, le trombone a subit une dépigmentation pileuse. A présent plus connu sous l’appellation du « trombone à cou lisse» sa fragilité n’a d’égale que sa facilité d’acclimatation à nos bureaux ou à nos orchestres symphoniques. Mais grâce au défunt professeur Mantilius, nous en savons un peu plus sur l’origine sexuelle du trombone. L’hermaphrodisme de cet insecte est prouvé, alors que celui des chanteurs de la Star Academy reste à déterminer malgré une pâle tentative. Grâce aux ossements conservés au musée d’histoire naturelle, le professeur a démontré dans son ouvrage « De la nécessité du démonte-pneu dans l’élevage des coquecigrues », que le squelette du trombone ne peut être qu’unique et indivisible, prouvant que le corps du trombone et son sexe ne font qu’un et deux à la fois. En effet, la forme phallique indéniable du squelette de l’animal prouve qu’il est un mâle, alors que la fente évidente au centre de son corps est évidemment l’expression vaginale de sa féminité ! Mais alors, tout s’explique ! L’entremêlement évident de ces trombones sur nos bureaux prouve que la copulation ancestrale, qui a mené ces êtres à survivre aux dinosaures, demeure vivace. Le Pr. Mantilius conclut que si l’insecte survit, même à l’état de squelette et avec moins d’un neurone par bestiole, on peut toujourspasser ses nerfs dessu.


UNE BELLE JAMBE
D’abord j’ai ressenti comme des fourmillements dans la jambe. C’est, paraît-il, ce qui arrive après l’opération, la jambe disparaît mais pas les fourmillements. Heureusement, le Dr Sabathier est le meilleur du canton pour couper des membres. L’ennui pour moi,c’est qu’il s’est trompé. Il m’a coupé la jambe droite au lieu de la gauche, et a créé un espace vide nouveau au bout de ma cuisse!Naturellement, j’ai été contrarié de ne pas pouvoir marcher à nouveau, mais le Docteur m’a dit que de toute façon, avec une seule jambe, des fois, on en fait moins qu’avec les deux coupées… Et puis faut dire c’qui est, c’était du beau boulot ! L’opération s’était bien déroulée, bien recousue, impeccable. Là, chapeau. Même ma Germaine m’a dit que c’était mieux fait que les ovaires de la tante Luce. Le docteur a été chic, il ne me fera pas payer la deuxième opération et m’offrira même la deuxième béquille ou une remise sur la deuxième jambe artificielle. Le rêve non ? Faut dire que là, y’en a pas beaucoup qui l’auraient fait. De toute façon le toubib a dit que la gangrène de la jambe gauche, elle aurait pu aller dans la droite. Et même que peut-être ça s’était déjà fait, que la jambe allait être autopsiée… C’est vous dire comme c’est sérieux chez le Docteur Sabathier. En plus il vient tous les jours me voir, me demande si ça se passe bien, si j’ai bien dormi, qui est venu me voir, à qui j’ai parlé… Alors il part rassuré, en paix. Germaine elle pense que je devrais en parler à notre médecin traitant, que je vais ramer tout le restant de ma vie ! Mais il est bientôt plus vieux que moi, alors qu’est-ce qu’il y connaît, à la chirurgie moderne ? D’abord il faut toujours le chercher, jamais présent quant il le faut, notre médecin ! Depuis qu’il a tâté les ovaires de la tante Luce, elle broie du noir à longueur de journée. Pas psychologue pour deux sous… Pourtant ses notes, elles sont salées. Moi j’ai confiance dans le Dr Sabathier, quand je le vois avec ses lunettes d’écaille, sa cravate bleue et ses cheveux blancs, je me dis que c’est important d’avoir confiance en son chirurgien. Et pour mon appendicite, je saurais à qui m’adresser… 


BOUTS DE VIES
Je suis assise toujours à la même place. J’y suis bien car cela me permet de voler des bouts de phrases, de conversations, des bouts de vies... Et puis je sais que vers 16h, la bibliothécaire se prépare un café. L’arôme de celui-ci est puissant, presque charnel. Surtout l’été, lorsque la moiteur de la salle nous reste collée à la peau. Et puis à cette place, j’entends l’ordinateur et son soufflelent. Modernité et poussière se côtoie en une même salle. Et ce silence, quelle audace, quelle puissance ! De nos jours quel luxe, une pièce dans laquelle le silence n’a pas à être imposé. D’habitude le silence est mon ennemi, mais ici je le sens qui m’enveloppe, qui me serre, qui me veut… Alors je perçois de temps à autres des toussotements, des reniflements, des frottements. Ces bruits sont les paroles de ce lieu. Et ces livres. Sagement classés par auteur ou par thème, attendant la main audacieuse qui les fera se découvrir. Se mettre à nu devant tous les autres, ouvrir les pages au regard violeur du lecteur. Tous ces livres qui contiennent tant de secrets, tant de morts, tant d’amour… Est-ce que les personnages changent de livres lorsque la bibliothèque ferme ses portes ? Combien de morts dans « Guerre et paix », combien de soldats dans « La garde blanche » combien de parties dans « Le joueur d’échec » ? - La bibliothèque va fermer, mademoiselle. Puis-je vous aider ? - Non ça ira, merci. « Je me demande bien ce que peut chercher cette aveugle ici, songea la bibliothécaire. Toutes les semaines, assise sans rien dire, sans rien lire, sans autre regard que celui dont elle est prisonnière. Hum, la vie n’est pas toujours juste pour tous. » 


LE RHUM DE LA VIE
Lorsque j’ai aperçu l’inscription « Rhum de Martinique » sur le dos du carton, des bouffées de senteurs, des éclats de couleurs se sont réveillés en moi. Je me souviens de Fort de France et de son aéroport bondé de touristes, les uns, blancs comme neige croisant les autres, aux visages cuits par un soleil trop généreux. Car il est généreux et solide, ce soleil de Martinique, aiguillant ses rayons sur les crânes et les bananiers. Mais aussi dardant ses pics chauffés à blanc sur des champs de canne à sucre. Et cette vaste autoroute qui traverse de part en part cette longiligne île aux reliefs accidentés. Ah Martinique ! Que d’odeurs, de visions d’antan, de vertes collines que domine un volcan capricieux. Où es-tu Martinique de ma jeunesse. Si loin, là-bas de l’autre côté de la grande flaque… Eau ruisselante sur mon visage quand le ciel pissait en abondance, emportant des parfums de terre et de mer. Et tes jardins foisonnants de fleurs aux couleurs aveuglantes, tel Balata, paradis perdu au détour d’un sentier mystérieux. Et ce sable noir, cuit par le démon de la terre ou si blanc mourant dans la mer… Martinique… Martinique… Tu es là au dos de ce carton que je renifle… Mais non, aucune odeur ne s’en échappe, seuls mes rêves s’y sont échoués. Mes rêves et mon corps. A paris, il fait – 12 degrés, et les rues sont mortes comme sont mortes mes idées de retour. Cette couverture de carton, est mon seul bien à présent, mon permis de voyager. Sous ce porche, je me maintiens au chaud en regardant les passants furtifs, fuyantvers leurs paradis. 

L'ANCIEN PAYS
- Dis-moi grand-père, comment c’était déjà la neige ? - Oh, tu sais moi-même je n’en ai jamais vu alors… Mais mon propre grand-père disait que c’était comme de l’eau, mais aussi doux et léger que du coton, mais froid comme le blizzard qui souffle à présent. - Aussi léger que du coton ? Et on pouvait habiter dedans il parait ? - On appelait cela des igloos, mais ce sont de vieilles tribus disparues aujourd’hui qui habitaient dedans, je ne me souviens plus de leurs noms. - Et le ciel, parles-moi du ciel, il était bleu, c’est vrai ? - Ça, je l’ai vu, avec de beau nuages cotonneux ! - Comme de la neige ? - Oui c’est ça, et avec des formes bizarres, des têtes de lapins, des moutons… - Mais pourquoi le ciel est tout gris et épais ? - Parce que les gens ne regardaient plus le ciel, mais des écrans, des télés. Alors on a dit que ça servait à rien un ciel bleu, et on l’arendu gris… - Qui ça ? - Des gens qui étaient gris dans leurs têtes et ils ont tué les gens qui avaient du bleu dans leurs yeux… - Alors ils avaient la figure bleue aussi, parce que les gens gris dans leurs têtes, ils sont aussi gris sur leurs figures ? - Peut-être bien… - Et la mer, de quelle couleur elle était ? - Bleue aussi. - Comme le ciel ? - Oui, la mer et le ciel étaient très amis autrefois… Mais moi je ne l’ai jamais vue, la mer. - On dit quelle est grise aussi, comme le ciel… - C’est bien possible… - Dis, c’est vrai qu’il y avait un pays bas qui a été engloutit sous la mer grise… - C’est bien possible…


J’AVALERAI LA BOITE ENTIÈRE
Depuis son départ, rien ne tournait rond. J’avais perdu l’appétit, le goût, l’envie… Ses pas dans l’escalier émettaient des bruits particulier; ils ne résonnent à présent que dans ma mémoire. Heureusement, je me raccroche à ses photos. Souvenirs sans reliefs de nos souvenirs passés. La solitude m’a rendu dépressif. Non pas cette dépression sans issue, ingérable pour soi comme pour les autres, mais une indicible mélancolie qui phagocyterait mes envies. Alors j’ai commencé par en prendre, à petite dose. Le soir tout d’abord avant de me coucher, puis en pleine après-midi. Parfois, au travail, lorsqu’un souvenir était régurgité par ma mémoire, il m’en fallait pour masquer ma douleur. L’état dans lequel je me trouvais après me laissait cotonneux. J’ai donc augmenté les doses au point aujourd’hui d’en avoir le subtil équilibre. Un matin, je me suis même surpris à me demander pourquoi j’en avais ingurgité la veille. Mais très vite mes angoisses ont pris le dessus et ce soir, je sais pourquoi je finirai la boite. Car je l’ai décidé, j’avalerai la boite entière, accompagnée de mon bourbon préféré. Une alliance de circonstance qui me plongera dans une fine rêverie. Alors je me suis façonné une lumière feutrée, une douce musique, une agréable chaleur. Et j’ai plongé la main dedans ! D’abord les pralinés, mes préférés, qui façonnent le palais et le préparent à l’âpreté des chocolats noirs. Ensuite, les noisettes et amandes, et enfin les liqueurs, kirsch, grand Marnier, poire williams…


L'ENFANT AU BALLON ROUGE
Son regard était profond et noir. J’avais envie de m’y perdre à jamais. Pour le moment, il était dirigé vers cet enfant qui jouait avec un ballon rouge. Il le lançait en l’air et attendait qu’il retombe sur sa tête, et il riait. Mais d’un coup de pied, il le lança dans ma direction. Les feuilles jaunies le freinèrent lentement et sa course mourut aux pieds de mon banc. Alors il s’approcha furtivement, saisit son ballon et tourna son visage en l’inclinant de côté. Je fis de même et il me sourit. D’un coup d’oeil, je m’aperçus que le regard de ma belle inconnue avait suivi la scène. C’est à ce moment précis que ses yeux se reflétèrent dans les miens. Lorsque l’enfant repartit jouer, elle ne détourna pas la tête, elle semblait me découvrir, moi qui la dévisageais depuis si longtemps. Alors elle baissa ses yeux d’ébène au sol, comme gênée de cette soudaine promiscuité du regard. Elle était fine, comme découpée dans du papier de soie. Son cou arborait un délicieux collier au bout duquel flottait une fine médaille d’or. Que pouvait révéler cette médaille ? L’enfant faisait voleter à présent les feuilles mortes du parc. Ce dernier allait fermer et le jour laissait des rubans orangés dans ce ciel d’automne. Un homme s’approcha de lui et le prit par la main. Elle les guettait, anxieuse. L’homme s’approcha d’elle avec l’enfant. - Allez viens Lucas, on rentre avec Princesse. Alors il sortit une laisse et l’attacha au collier de celle que j’aimais. De rage, je levai la patte sur le premier réverbère !


MISCHA OU LADOUCEUR ÉTERNELLE
Son corps rejoignit le mien en une étreinte farouche. Mischa était une rousse au teint blanc que j’avais aimée dès notre premier regard. Mais il fallut bien des mois pour que cet instant n’arrive. Des jours où le soleil faisait pâle figure face à sa chevelure de feu. Des jours où la neige jalousait son teint opalin. Sa force était aussi dans le mouvement de son corps effilé, comme un roseau vainqueur de la bourrasque. Et c’est ce corps qui, allongé sur moi, me couvre de sa soyeuse douceur. Une peau que je n’espérais plus caresser, ni espérais goûter. A l’instant, ses yeux verts fixaient mon visage. Et ses lèvres au pourpre éclatant attendaient tendrement un baiser. Je n’espérais plus Mischa. Non je ne l’espérais plus. Elle qui se souciait si peu de ma personne. Elle qui, hier encore, me croisait sans me saluer. Non je ne l’espérais vraiment plus. Et quelle cruauté suprême pour moi, que de sentir ses seins sur ma poitrine, son sexe secret coller au mien et de ne pouvoir aller plus avant. Depuis combien de temps espérais-je ce moment d’intimité avec elle ? Je puis à peine bouger mes doigts pour lui effleurer la peau. Un autre corps nous tomba dessus. Celui de Samuel, tué par la même arme qui meurtrit à jamais le corps de Mischa. Moi, la balle m’a perforé le foie, et je meurs lentement, les yeux ouverts, voyant tomber les autres villageois. La fosse va bientôt être pleine. A défaut d’avoir pu vivre avec Mischa, je mourrais heureux dans ses bras pour l’éternité. 


ELLE REGARDE PAR LA FENÊTRE
Dehors les feuilles d’or se chevauchent une à une sur la pelouse fripée. Quelques semaines avant, elles se frottaient l’une contre l’autre dans la moiteur d’un été torride. Sur le banc, sous l’arbre, un couple entoure un nonagénaire qui ne les reconnaît même plus. Ses yeux fixent l’enfant, qui joue avec les pigeons. Il court vers eux mais les volatiles s’envolent. Lui éclate de rire. Ses parents ne le regardent même plus, ni le petit, ni le vieux, ceux deux là réunis dans un même dédain. Mais lui, le vieux, dans son mutisme et sous ses rides, n’en perd pas une image. « Son arrière petit fils sans doute » ! Pense Mme Maillard. Elle regarde par la fenêtre. Et elle aimerait être à la place de ce vieux là. Lui qui à la chance d’avoir des petits enfants et même des arrières petits enfants qui viennent lui rendre visite. Alors qu’elle… Le petit joue avec un une tourterelle, qui grappille une maigre pitance sous les feuilles. Il veut l’attraper, mais elle s’enfuit par à-coups. Les parents s’ingénient à hurler à l’oreille de leur aïeul, comme pour mieux se prouver « qu’ils auront tout fait pour lui, mais voyez, il ne nous reconnaissait même plus » Elle regarde par la fenêtre. Et la tourterelle s’envole une fois pour toute et passe devant sa fenêtre. En la suivant du regard, l’enfant a aperçu la vieille femme. Il lui fait signe de la main. Mais trop faible pour lui répondre, elle bouge la tête… Et déjà l’enfant court vers d’autres envies. Elle regarde par la fenêtre. Elle se souvient de ses jeux lorsqu’elle avait son âge. C’était un autre temps, pendant une autre guerre, pendant une autre vie… une autre vie… un autre souffle. L’aide soignante regarde par l’entrebâillement de la porte : Alors Mme Maillard toujours derrière cette fenêtre ! A force vous allez connaître le les gens du quartier par coeur. Allez c’est l’heure de votre toilette. Faut vous faire belle… Mme Maillard ? Mme Maillard ? Oh non. Martine ! Crie-t-elle, la 212 est morte… 

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Éric Gabriel